Gérard Brémond: « Il y a un or vert », « 80% du territoire reste inexploité »
Posté par admin le 19 septembre 2009
ÉCONOMIE
Le créateur d’Avoriaz planche sur l’avenir du tourisme
Interview de Gérard Brémond
par La Rédaction du DL | le 06/03/08 à 06h00
Gérard Brémond
A l’heure du réchauffement climatique et des interrogations sur l’avenir du tourisme en montagne, rencontre avec Gérard Brémond qui fut visionnaire il y a 40 ans en créant Avoriaz (Haute-Savoie), la station sans voiture. A 71 ans, il dirige le groupe Pierre & Vacances, leader européen de la résidence de vacances.
Racontez-nous la naissance d’Avoriaz et cette idée folle conduite avec Jean Vuarnet…
- Jean Vuarnet avait lancé le principe d’une station et de l’équipement d’un domaine skiable, avec son papa et l’appui espéré de Louison Bobet, qui s’est en fait rapidement tourné vers la thalassothérapie. Il avait donc un besoin financier. Il a présenté le dossier à papa, on a repris l’idée et l’on s’est réparti les tâches. Ce qui était assez novateur, c’est l’introduction de trois jeunes architectes, qui avaient le même âge que moi, 27 ans, et complètement inexpérimentés. Ça a fait la bande des quatre et Jean Vuarnet pour le ski. Nous sommes partis à contre-courant des tendances de l’époque : le tout-voiture et le tout béton. Nous avons introduit une notion architecturale extrêmement humble, intégrée à la topographie et non pas affirmant la puissance de l’homme avec de grandes tours et de grandes barres. Et en même temps, c’est une expression architecturale très créative par la volumétrie, une architecture douce, très enveloppante. La station a ouvert à Noël 67, en pleine période soixante-huitarde, c’était en quelque sorte un cri de liberté.
Quelles sont les clés de la « success story » Pierre & Vacances ?
- Avoriaz a été l’acte fondateur, la base de tout. D’abord, le principe du sans-voitures a été repris dans tous les villages et l’architecture avec le principe de développement durable aussi. Nous sommes toujours dans cette mouvance, cette continuité. La deuxième chose, c’est l’intégration verticale de l’activité, du terrain à aménager jusqu’à la petite cuillère. Nous appliquons aussi le même « business model » avec un parc touristique financé par les acquéreurs. On génère le flux et l’on assure la gestion pour le compte des investisseurs.
Vous faites partie d’un groupe de travail (¹) qui doit plancher sur un plan « Destination France 2020″. Quelles sont les pistes de réflexion ?
- Il s’agit de définir des objectifs d’évolution de l’offre touristique par rapport à la concurrence mondiale. Des rénovations, des adaptations sont nécessaires. En terme d’aménagement du territoire d’abord, car aujourd’hui, 20% du territoire hexagonal accueille 80% des touristes. Ce qui veut dire qu’il y a un or vert : l’intérieur du territoire offre des potentialités énormes. La copie sera rendue en juin.
Face aux évolutions climatiques, referiez-vous Avoriaz à l’identique ?
- Quasiment à l’identique, oui. C’est une conception simpliste Avoriaz, mais comme toute conception simpliste, elle dure. D’abord, la montagne l’hiver, c’est le ski. Et pour avoir du ski, il faut de la neige. Alors l’option altitude, c’est sûr on l’aurait choisie à nouveau. Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes dans la stratégie établie à Avoriaz, il y a 40 ans.
À bientôt 71 ans, vous préparez votre succession ?
- Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour ! D’abord parce que la santé et l’énergie sont là. Ensuite, parce que jamais nous n’avons conduit de projets aussi enthousiasmants, innovants et diversifiés qu’actuellement.
(¹) Ce groupe de travail a été réuni par Christine Lagarde, ministre de l’Economie, et Luc Chatel, secrétaire d’État.
REPÈRES
BIOGRAPHIE
Né le 22 septembre 1937, Gérard Brémond est licencié ès sciences économiques et diplômé de l’institut d’administration des entreprises. Il est entré dans l’entreprise familiale de construction de logements à 24 ans. Passionné d’architecture, sa rencontre avec Jean Vuarnet est à l’origine de la création d’Avoriaz. Un modèle essaimé un peu partout en Europe. En acquérant successivement Orion, Gran Dorado, Center Parcs et Maeva, le groupe Pierre et Vacances est devenu leader européen de la résidence de tourisme.
PIERRE & VACANCES
Introduit en bourse en 1999, le groupe affichait un résultat de 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2006. Il compte 8 600 collaborateurs (15 000 en période de pointe), un parc de 45 000 appartements et un portefeuille de plus de 6,5 millions de clients dont 50% d’étrangers.
Propos recueillis par Virginie BORLET
Paru dans l’édition 38H du 06/03/2008
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