Les russes se battent pour sauver la forêt de Khimki
Posté par admin le 8 août 2010
Voici quelques articles qui expliquent la lutte de riverains et défenseurs de la forêt contre la construction par le groupe français Vinci d’une autoroute destructrice et annonciatrice de destructions futures.
Nous soutenons cette lutte et la relaieront au fur et à mesure des informations qui nous parviendront et vous invitons à signer la pétition de soutien.
http://www.thepetitionsite.com/1/save-khimki-forest/464634293/taf
Sauver la forêt russe de Khimki (contre Vinci)
Publié le 22 juillet 2010
(Je me rends compte, après avoir tout écrit, que le plus important est vers la fin. Soit le rôle du groupe de BTP français Vinci, et la pétition lancée par un groupe russe. J’aurais dû commencer par là, mais c’est trop tard.)
Le provincialisme franchouillard finira bien par nous perdre, ce n’est qu’une question de temps. Que foutent donc les structures officielles de l’écologie, ces grands acteurs lyriques du « Grenelle de l’Environnement », où l’on aura tant ri avant de tant pleurer ? Oui, que font-ils ? Une dernière coupe de champagne en compagnie de Borloo, pour la route ?
En ce moment, une bataille est en cours (merci à miss Gimmick pour l’info) à Moscou pour la sauvegarde de la forêt de Khimki, jusqu’ici protégée. Je vous résume l’affaire, et vous renvoie à une dépêche en français plus complète (ici). Les bureaucrates qui mènent le bal dans toute la Russie, dont la plupart sont des anciens du système policier, ont décidé en 2004 la construction d’une autoroute reliant Moscou à Saint-Pétersbourg (650 km). Banal ? Banal. Ce qui l’est moins, c’est l’extraordinaire déploiement de moyens illégaux pour parvenir au résultat escompté.
L’autoroute est dans son principe une abjection, où qu’elle se situe. Elle coupe à jamais des territoires, interdit quoi qu’on dise l’essentiel des passages d’animaux ainsi que le plus lent mouvement des plantes, elle transforme la nature vivante en une dépendance de cet objet criminel qu’est la voiture individuelle. Soit. Mais autour de Moscou, on en rajoute. Le projet d’autoroute, concocté comme il se doit dans le secret des bureaux moscovites, mobilise les brutes et les anciens kaguébistes. En novembre 2008, le journaliste Mikhaïl Beketov, qui travaille pour Khimkinskaïa Pravda, a été passé à tabac avec une telle violence qu’on a dû l’amputer d’une jambe. Il reste, on le comprend, très affaibli. Et bien entendu, il avait publié des révélations sur le dossier de l’autoroute, la corruption généralisée qu’il a généré, les violations de la loi sur lequel il repose.
En deux mots, les promoteurs de cette autoroute maudite ont fait subir au tracé un changement brutal vers le nord-ouest de Moscou, en direction de l’aéroport Cheremetievo. En effet, les voleurs au pouvoir, lorsqu’ils rentrent de virées à Nice ou en Suisse, le nez encore poudré de coke, ne veulent pas perdre de temps dans d’insupportables embouteillages. Et comme il semble qu’il n’y ait pas assez d’hélicoptères pour tous, il fallait bien une autoroute en plus pour « décongestionner » le ballet des Mercedes, non ?
Si. Mais le changement de tracé implique de couper en deux une forêt protégée par la loi, Khimki. Mais quelle loi ? Cette forêt est l’une des dernières forêts « anciennes » de la région de Moscou. Pleine de vieux chênes, de cerfs et de sangliers, pleine de cette beauté si absurde qui ne rapporte rien à personne. Tout est donc truandé de la première à la dernière ligne du projet, faute de quoi il n’aurait pas pu passer la rampe. Ce que les pontes n’avaient pu prévoir, c’est la révolte populaire bien réelle qui agite une partie de Moscou. La forêt est personnage vivant du pays russe, et l’hymne actuel du pays contient d’ailleurs ces quelques mots sans ambiguïté : От южных морей до полярного края/Раскинулись наши леса и поля. Ce qui veut dire, du moins je l’espère : Des mers du sud au cercle polaire/S’épanouissent nos forêts et nos champs.
On ne plaisante pas avec le sacré. Ou l’on plaisante moins. Une association a vu le jour, dont la présidente, Evguenia Tchirikova, elle aussi agressée, mène le combat de David contre Goliath le corrompu. Avec au programme des manifs, des appels, des lettres, etc. L’une des dernières initiatives concerne le fleuron du BTP français Vinci, dont une filiale a obtenu des chantiers de construction de l’autoroute. Vinci est cette taule d’où a été chassé Antoine Zacharias, son patron, en 2006. Un licenciement réellement sauvage, puisque Zacharias est parti avec 12,8 millions d’euros d’indemnité, une retraite complémentaire annuelle de 2,1 millions d’euros et un joli lot de stock-options.
Ces gens-là sont-ils, finalement, si gentils ? Le Mouvement pour la défense de la forêt de Khimki a écrit au PDG actuel de Vinci, Xavier Huillard, pour lui demander de renoncer aux travaux. Vinci aurait commencé à abattre des arbres sans autorisation. Et puis quoi, encore ? L’association d’Evguenia Tchirikova décrit avec précision le processus même de la corruption, qui impliquerait le ministre des Transports. Le vertueux groupe Vinci a de son côté répondu : « Le tracé a été décidé et reste du ressort des autorités russes et à ce stade Vinci n’intervient pas sur le chantier ». Non, Vinci n’intervient que pour couper les arbres, et détruire le monde.
Je viens pour ma part de signer une pétition (c’est ici). Je n’ai pas la naïveté de croire que cela empêchera de dormir les salopards de Moscou. Mais ça soulage une courte seconde. J’en suis là. Et nos franchouillards de service, qu’attendent-ils pour bloquer le siège français de Vinci ?
PS : J’ai assez souvent critiqué Dominique Voynet, maire de Montreuil, pour reconnaître quand il est nécessaire ses mérites. À ma connaissance, elle est la seule en France à avoir envoyé une lettre au patron de Vinci à propos de la forêt de Khimki.
Source:
http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=936
La forêt de Khimki: recherche d’un compromis
Tags: Russie, Société, forêt de Khimki, voie express, Moscou-Saint Pétersbourg, entrepreneurs
30.07.2010, 15:57
La construction d’une voie express Moscou-Saint-Pétersbourg dans la ville de Khimki de la région de Moscou crée des conflits d’intérêts. La capitale de la Russie souffre de la surabondance de voitures. Une route payante devra décharger le Leningradskoe chaussée. Mais cette voie express doit passer par la forêt de Khimki qui est la seule zone verte sur ce territoire.
Les habitants locaux et les écologistes ont proposé de construire la route en contournant la forêt mais le maître d’œuvre l’a jugé incohérent. Le projet de contourner la forêt exigerait de démolir l’infrastructure locale ce qui augmenterait le coût de la construction de plusieurs centaines de fois. Tandis que le coût de la voie express passant par la forêt est déjà énorme. Moscou comme Khimki ont besoin de cette route, est persuadé l’adjoint au chef de l’administration de Khimki pour l’aménagement du territoire.
Les habitants locaux ne veulent pas entendre parler de l’argent. Ils veulent défendre leur forêt dont la superficie diminue toujours. Les préparatifs de la construction ont déjà commencé. Les défenseurs de la forêt affirment que les entrepreneurs n’ont pas tous les documents d’autorisation pour la coupe. La veille ils ont fait une grève sit-in sur le lieu de la coupe. Mais une fois quitté l’endroit de la grève, ils ont été interpellés par les forces de l’ordre, raconte à la Voix de la Russie l’organisatrice du mouvement pour la défense de la forêt de Khimki, Evguenia Tchirikova.
« Actuellement, je parle à partir du tribunal. Une fois que nous avons quitté la forêt, nous avons été arrêtés par les groupes spéciaux de la police. Ils nous ont embarqués dans les bus et nous ont déposés à la police. Nous y avons passé toute la nuit. Ce n’est qu’à 13 heures de l’après-midi que nous avons été transportés au tribunal », raconte Evguenia Tchirikova.
Selon le service de presse de la compagnie les Routes de la Russie, cette grève a perturbé la préparation du territoire à la coupe dans les délais fixés. Les entrepreneurs n’ont eu d’autre choix que de porter plainte au tribunal. Les fonctionnaires déconcertés, ne s’attendant pas à une telle résistance de la part des habitants de la ville, sont prêts à chercher un compromis.
Source:
http://french.ruvr.ru/2010/07/30/13958320.html
Khimki contre Vinci et Poutine
CLEMENT Carine
24 juillet 2010
n°18161
Les habitants de Khimki, près de Moscou, campent depuis une semaine pour empêcher la firme française Vinci de construire un tronçon d’autoroute qui détruirait la forêt. Le projet est soutenu par le Premier Ministre Vladimir Poutine mais attire les foudres des habitants de Moscou et des alentours. Le mouvement pour la défense de la forêt de Khimki mène la lutte contre ce projet écologiquement dévastateur depuis plus de deux ans. Une nouvelle bataille a commencé le 15 juillet dernier avec l’abattage surprise de sept hectares, aux environs de l’aéroport international de Sheremetevo.
Dès le lendemain, les défenseurs de la forêt organise un campement de résistance et érigent des barricades pour empêcher l’abbatage des arbres. Une cinquantaine de militants du mouvement pour la forêt de Khimki et d’autres associations écologistes d’habitants de Moscou et de sa banlieue se succèdent jour et nuit pour surveiller le chantier. Ils parviennent à freiner sensiblement le rythme des abattages, exigeant des ouvriers et de leurs chefs démonstration des autorisations légales indispensables à l’abbatage des arbres de la ceinture verte de la capitale. Leur résistance se heurte rapidement à des contre-attaques organisées, selon les défenseurs de la forêt, par les promoteurs du projet.
Le 16 juillet, Evguenia Tchirikova, leader du Mouvement pour la forêt de Khimki se fait agresser par un homme inconnu sortant d’une Jeep, alors qu’elle mène la garde au campement. Elle porte aussitôt plainte auprès de la police. Et s’entend demander : « Dis-nous plutôt qui te paie et combien pour mener une telle action ».
Dans la nuit du 16 au 17 juillet un tracteur brûle. Les défenseurs de la forêt dénoncent une provocation. Les autorités accusent les militants écologistes. Le 22 juillet un groupe d’une cinquantaine de militants se rassemblent devant la Maison du gouvernement de la Fédération de Russie, plusieurs d’entre elles portant des troncs d’arbres, symbole de l’abbatage illégal de la forêt de Khimki. A l’approche de la Maison blanche, cinq personnes sont arrêtées, les autres se dispersent. Une délégation parvient néanmoins à transmettre aux services de secrétariat du Premier Ministre Vladimir Poutine une pétition demandant un changement du tracé de l’autoroute et un arrêt de l’abbatage.
Dans la nuit du 22 au 23 des jeunes gens masqués arrivent sur le lieu du campement et tentent d’agresser les défenseurs de la forêt. La police, appelée sur les lieux du conflit, s’en prend aux défenseurs de la cause écologiste. Le 23 juillet, suite à une descente massive de la police, presque la totalité des participants au campement ont été arrêtés. « La forêt a été nettoyée de ses défenseurs », commente l’événement Sergueï Udaltsov, du Comité des habitants de Moscou, lui-même arrêté.
« Ce n’est pas notre dernière bataille, déclare Evguenia Tchirikova. On se bat depuis deux ans déjà, on ne va pas arrêter aujourd’hui ». Le problème, selon elle, est que le projet est soutenu par les autorités fédérales et résulte de tels pôts-de-vin qu’il apparaît difficile aujourd’hui de faire marche arrière.
« Nous ne somme pas contre l’autoroute », précise encore Evguenia. « Mais nous voulons un autre tracé, qui ne passe pas par la forêt. Nous avons besoin d’une route qui ne tuera pas nos poumons, qui ne détruiera pas la ceinture verte de Moscou », continue-t-elle.
Carine Clément
« Le chantier du siècle » (N.B.)
Vinci Concessions a obtenu un contrat de 1,5 milliard d’euros pour la construction du premier tronçon de 43 kilomètres de l’autoroute à péage Moscou-Saint-Pétersbourg.
L’Agence fédérale des routes (Rosavtodor) est responsable du chantier.
Le feu vert à l’abattage a été donné par le gouvernement en novembre 2009 par l’adoption d’un arrêt, sous la signature de Vladimir Poutine, transformant 145 hectares de forêt protégée de Khimki en terres exploitables.
Source:
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article18161
Attaque contre les défenseurs des forêts à Khimki (Russie)
Le 23 juillet à Khimki, a été écrasé le camp des défenseurs de la forêt. Au début, le camp, où se trouvaient quelques dizaines de personnes, a été attaqué par une foule de combattants – environ une centaine de personnes, probablement engagés par ceux qui s’occupent d’abattage forestier. Ces personnes, en masques blancs et vêtues de tee-shirts blancs avec des numéros, ont attaqué le camp. Des témoins ont reconnu certains des agresseurs fascistes – hooligans (militants de droite – animateurs du football de l’une des équipes de Moscou). Dans le même temps, les engins des constructeurs du bâtiment ont été mis en route pour poursuivre la destruction de la forêt.
Comme cela s’est déjà produit à plusieurs reprises, le groupe protestataire à la déforestation a appelé la police. Voici comment ces événements ont été décrits par un membre du groupe de cette initiative, Eugène Tchirikov: «A 5 heures, des bandits en masques blancs sont arrivés. Nous avons réagi en appelant la police et en lui demandant de ne pas nous laisser seuls. Par la suite, on a essayé d’arrêter les policiers qui s’en allaient, et de stopper les machines pour sauver les arbres. A ce moment, sont intervenus l’OMON (Service de la militsia à vocation spéciale, NdT). » La police a commencé à arrêter non pas les bandits ayant attaqué le camp, mais … les défenseurs de la forêt ainsi que les journalistes. Dans le même temps, les bandits masqués tabassaient les gens ; quelques participants du camp ont été sévèrement battus. Finalement, le terrain de la déforestation a été mis sous la protection de la police.
Un peu d’histoire. Une partie payante de l’autoroute Moscou-Saint Pétersbourg, d’une longueur de 43 km, se situe entre le 15e et le 58e kilomètre. Il passe à travers la forêt de Khimki. Sa construction est conduite par une entreprise de concession du Nord-Ouest (SZKK) qui représente la société française Vinci, lauréate du concours pour le droit de recevoir une concession en 2008. En décembre 2009, un groupe d’activistes a déposé une plainte contre la décision du gouvernement russe de transformer quelque 145 hectares de la forêt de Khimki en terrains industriels. La Cour suprême a reconnu la décision du gouvernement comme légitime. Le 15 juillet 2010, les écologistes ont appris que des travaux sur le site de la future autoroute commençaient. Le groupe de protestation a réussi à stopper l’exploitation forestière et a installé un camp pour protéger les arbres.
Ainsi, les Moscovites, parmi lesquels des résidents locaux, des écologistes et des membres de groupes politiques différents (anarchistes et autres) forment aujourd’hui le front uni contre des sociétés transnationales, le gouvernement russe, la police et les criminels (les fascistes).
Une situation analogue a déjà eu lieu en 2007 dans le camp écologique à Angarsk. Là-bas, écologistes et anarchistes protestaient contre l’expansion de la capacité de production de l’usine d’électrolyse et de chimie d’Angarsk et contre l’importation des déchets nucléaires. Une nuit, le camp de protestation a été attaqué par un groupe de fascistes. Un des campeurs, Ilya Borodaenko, a été tué et plusieurs personnes ont été grièvement blessées.
Il est évident que dans de telles conditions, les anciennes méthodes de protection de la nature et des droits des populations locales ne sont plus adaptées. Les défenseurs de la nature sont attaqués par des voyous fascistes et par les flics ; l’abattage forestier et ensuite la pollution par de grandes entreprises, continuent. Il ne s’agit pas là d’une spécificité russe. Des processus similaires se déroulent dans le monde entier. En Inde, en Amérique du Sud, en Afrique, les multinationales achètent des pays entiers, s’approprient, avec la complicité des autorités locales et des bandes de droite, d’énormes territoires, détruisent des forêts vierges, soumettent les habitants locaux au génocide. Cependant, les populations locales de l’Inde résistent farouchement à cette violence.
Quant à la situation à Khimki, les questions suivantes se posent.
Tout d’abord, les gens de Khimki et d’autres régions de Moscou, sont-ils prêts à résister aux bandits et à protéger leurs droits ? Ou ne le sont-ils pas? Est-ce que les Moscovites comprennent que les soit-disants défenseurs des interêts de la population sont corrompus et qu’il ne leurs reste qu’un choix : l’auto-défense ou la défaite ?
Ensuite, est-il possible aujourd’hui de rassembler les gens de la région – au moins une centaine ou plus, de préférence, – des hommes et des femmes physiquement fortes, capables à une action décisive afin d’organiser l’auto-défense contre les bandits ? Des centaines d’anarchistes et d’antifa de Moscou pourraient-ils intervenir dans cette situation ?
Si les réponses à la première et à la deuxième question sont négatives, l’affaire peut alors se terminer par une tragédie insensée, comme à Angarsk, en 2007… La forêt serait coupée, les gens démoralisés…
source:
http://www.monde-libertaire.fr/contact/items/item/13601
Une vidéo ici:
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